« Hello Big Apple! Il est cinq heures du matin et vous écoutez… » J’attrape rageusement mon réveil et l’éteint en tapant un grand coup. L’écran affiche effectivement cinq heure et je repousse mes couvertures en râlant. Telle un zombie, je marche lentement jusqu’à ma cuisine, allume la cafetière et me traine ensuite jusqu’à la salle de bain. Je me passe un coup d’eau sur le visage et enfile ma tenue de sport, déjà un peu plus réveillée. Puis après avoir bu mon café en quatrième vitesse -et après m’être salement brûlé la langue-, j’attrape mon I-Pod, mon flingue, ma plaque - je ne compte pas menacer quelqu’un en pleine rue, mais c’est au cas où des petits malins aient envie de s’en prendre a moi. Normalement rien que la plaque suffit a les faire fuir- et mes clefs avant de sortir de chez moi. Tout ça en moins d’un quart d’heure: Tu as battu ton record Hemingway, bravo! Rapidement, je parcourt l’allée et me dirige vers le parc qui n’est pas très loin: Ici, c’est le quartier de mon enfance, que je connais comme ma poche. J’ai grandi ici, fais mes premiers pas ici, ai appris a faire du vélo dans ces rues. Je connais a peu près tout le monde et vice versa. Même la mort de mon père et la destruction complète de ma famille n’a rien changé et n’a pas réussi a me faire partir: Contrairement a ma mère et ma petite sœur qui elles, ne supportaient plus de vivre dans notre vieil appartement. Sois disant que ça leur rappelait des choses, que ça leur rappelait continuellement mon père et la vie que nous avions avec lui. Mais voilà, moi je n’ai pas voulu fuir ça, parce que les souvenirs sont justement tout ce qu’il me reste de lui. Alors résultat des courses, j’ai tenu tête a ma mère et ait souhaité rester vivre chez moi alors qu’elle avait déjà fait l’acquisition d’un loft à Londres. Très loin de New York donc. J’ai été en colère de les voir si lâches et peu respectueuses pour la mémoire de celui qui nous a élevées, aimées, aidées a tenir malgré les difficultés. Même s’il avait pas mal de défauts, mon père était quelqu’un de merveilleux et d’admirable, de courageux. C’est d’ailleurs ses bons et ses mauvais côtés a la fois qui l’ont menées a la mort. Il travaillait pas mal, n’avait presque jamais de temps pour moi ou ma sœur. Parfois, alors qu’il partait faire des affaires, il nous arrivait de ne pas le voir pendant un mois, voir plus. Alors nous avions une tradition: Lorsqu’il venait, il devait obligatoirement nous consacrer une journée et une soirée. Ce jour là, c’était mon tour. Nous étions allés faire les boutiques, mon père avait insisté. Il m’avais regardé défiler dans des tonnes de tenus, mais n’avait jamais perdu une seconde le sourire. Ensuite, il m’as emmenée manger une glace et m’as proposé d’aller voir un film au cinéma. Je me souviens lui avoir répondu que je n’étais plus une gamine, qu’à seize ans, je n’avais pas besoin que mon papa m’achète une glace. Il a rit et dut coup, je n’ai pas pu m’empêcher de rire aussi. Le temps est passé vraiment vite, beaucoup trop vite. Lorsque nous sommes sortis du cinéma, il faisait nuit et il était assez tard. Nous marchions tranquillement vers la maison et soudainement, avons entendu un bruit derrière nous. Et, avant que nous puissions faire un geste, quelque chose nous avait foncé dessus. Ou plutôt quelqu’un. Mon père a juste eu le temps de me pousser très fort et je me suis écrasée contre la façade d’un immeuble juste derrière. La personne s’est donc tournée vers mon père et l’a attaqué: Comme ça, sans raison. Mais cet homme transpirait la folie, par tous les pores de sa peau. Et je l’ai clairement vu en train d’attraper mon père par les cheveux avant de le mordre. Le mordre au cou, comme le ferait un vampire. Au début, je n’y ait pas cru et je me us simplement dit que cet homme devait être vraiment bourré pour essayer de boire le sang de mon père. Puis j’ai entendu des os craquer et quelques secondes plus tard, mon père gisait sur le sol. Ses yeux vides me regardaient fixement, sa bouche légèrement ouverte, comme s’il essayait de me dire quelque chose. La chose, la bouche et le menton barbouillé de sang, s’était ensuite tourné vers moi, un sourire presque pervers sur les lèvres. Il s’était approché d’un pas et j’avais essayé de reculer, mais j’étais déjà tellement collée au mur derrière que si j’avais fait plus, j’aurais certainement fusionné avec lui. Paniquée, j’étais incapable de bouger. C’est une voiture de police qui m’as sauvée, ce jour là. Les phares ont soudainement ébloui le tueur et la voiture s’est arrêtée net. Il a fui tellement vite que j’aurais cru qu’il n’avait jamais existé, si mon père n’était pas encore allongé sur le sol, la nuque brisée et a moitié vidé de son sang. S’en est suivi un interrogatoire terriblement long et fastidieux, mais bizarrement, je n’ai pas parlé de cet homme. J’ai dit c’était un animal qui lui avait sauté dessus. En plein milieu de la rue. Je suis passée pour une cinglée, mais ils ont fini par me croire. Deux ans plus tard, a dix huit ans, j’entrais à l’école de police. Trois ans plus tard, j’en sortais graduée et comme l’une des flics les plus prometteuses. Et me voilà aujourd’hui, en train de faire un jogging tranquillement dans mon quartier, là où mon père a été assassiné. J’espère toujours retrouver le vampire qui a fait ça et c’est bien pour ça que je fais ce métier.

Après avoir couru une heure, je rentre chez moi, prends une douche rapide et m’habille en tenue de civile: slim noir, débardeur blanc. J’attache mes cheveux en queue de cheval bien haute et troque mon I-Pod contre mes clefs de voiture. J’arrive en avance au boulot et rejoint mon bureau sans attendre, pensant amèrement au rapport que je dois encore rédiger par rapport à l’affaire que Ezéchiel et moi avons résolue hier. Ezéchiel, c’est mon coéquipier avec lequel on pas collé il y a un peu plus de deux ans, lors de mon arrivée. Je préfère normalement travailler seule, n’aimant pas m’encombrer d’autres personnes durant mes enquêtes…Mais aujourd’hui, ça ne me dérange plus. Notre duo est solide, j’ai une absolue confiance en lui et lui en moi. En réalité, nous sommes comme un couple, mais sans les avantages! La confiance est quelque chose de primordial, d’important à la fois pour notre métier et notre survie en cas de souci sur le terrain. Une fois assise a mon bureau, j’allume mon ordinateur et sort une feuille pour pouvoir rédiger a l’écrit toutes mes observations d’hier pour pouvoir ensuite les soumettre à notre chef. Tout doit passer par lui et être validé avant d’être mis sur la base de donnée: C’est chiant, long et…chiant! Mais bon, c’est le règlement. Soudain, quelque chose me bouscule et je vois un café, un petit sachet et un journal posés sur mon bureau, juste à côté de la feuille où j’étais en train de rédiger mon rapport. Merci beaucoup partenaire, maintenant j’ai qu’à recommencer depuis le début! Je lève les yeux et arque un sourcil, comme pour lui dire ‘t’as vu ce que t’as fait?!’. Aujourd’hui, le fait qu’il soit canon ne m’interpelle-même plus, heureusement! Je ne sais pas pourquoi mais au début, même si je me suis efforcée de le cacher pour préserver ma réputation de fille dure, Ezé’ m’impressionnait. Je ne sais pas si c’est parce qu’il n’est pas totalement humain ou autre chose, mais voilà, il fait tourner pas mal de têtes et je suis heureuse de m’être habituée a son physique et a l’avoir près de moi tout le temps. Ca aurait été drôlement problématique sinon! En voyant mon regard, il me demande ce qu’il a encore fait et je me contente de lui montrer la feuille que je tiens dans la main, et plus précisément la belle trace de stylo qu’il m’as fait faire en déposant tout son bordel sur mon bureau comme un bourrin! Il s’excuse alors et essaie de m’amadouer avec le café et les croissants qu’il m’as ramené. Cet abruti sait ce que j’aime et il en joue! « Bonjour a toi aussi partenaire! Oh je vais très bien, merci de t’en inquiéter », répondis-je, sarcastique. Puis j’ouvre le sachet contenant les croissants et en prend un: « Bon, disons que je te pardonne. Qu‘est-ce qu‘il se passe?! T‘es tout tendu ce matin. » Là, il me parle d’un article dans le journal d’aujourd’hui. Mes sourcils se froncent et je mord dans la viennoiserie tout en lisant. Mon cœur se met a battre plus vite et je passe une main dans mes cheveux en soupirant. « Et merde, j’hallucine! Mais on l’as pourtant coffré, cet abruti! » Je repose le journal, légèrement contrariée et me lève puis commence a faire les cent pas. « Qu’est-ce qu’on a loupé? Il est impossible qu’on se soit trompé. Pas nous. » Je sais, ça a l’air très pompeux comme phrase, mais c’Est-ce que je crois: Ezé’ et moi n’avons jamais eu tord ni loupé une seule affaire en trois ans! Comment aurions nous pu nous planter a ce point cette fois-ci?! Je lève les yeux vers lui, m’arrêtant de marcher quelques secondes. « Peut-être que cet enfoiré n’était pas seul, qu’il avait un complice… »